Une investigation sur les relations entre ces deux espaces spécialisés du logement, la cuisine et le séjour, et leur évolution
2011 Paper coverpage, my handmade bread, my flowers / Couverture du mémoire de 2011, mon pain fait maison, mes coquelicots.
Cuisineséjour, une mise à jour
Depuis que j’ai écrit Cuisineséjour, mémoire qui traite des relations entre ces deux pièces dans un logement, je suis devenue végétarienne à tendance vegan. J’aurais aimé mener une investigation approfondie sur l’évolution de ces deux espaces, la cuisine et le séjour, dans le logement aujourd’hui, en 2024.
J’ai aussi réduit beaucoup ma consommation d’aliments de manière générale et coupé toute consommation d’alcools.
Modes de vie et Grand confinement
Les modes de vie et de manger sont en évolution accélérée. Les conclusions auxquelles je suis arrivée en 2011 sont nécessairement à revoir et à compléter, mais les principales tendances identifiées sont à l’œuvre.
Et le Grand Confinement de 2020 nous a secoué tous, mettant en exergue ce qui ne fonctionnait pas dans nos vies et que nous ne souhaitions pas voir.
Vers les champs ?
Beaucoup de citadins ont pris le chemin de la campagne et des petits villages ; des Parisiens endurcis ont changé d’environnement de vie et ceci n’est que le début.
Une tendance de fond de retour à la “nature naturelle” s’esquisse, en refus de cette nature en cage, de ces quelques arbres qui réussissent à pousser sur des dalles ou sur des profondeurs de terre suffisantes, mais juste au-dessus des tunnels du métro de la capitale, coupées des sources d’eau.
Bien manger = bien cuisiner
Considérant nos façons de manger, de plus en plus d’entre nous ont compris que bien manger est aussi bien cuisiner, bien s’approvisionner, avec des légumes, crudités et fruits frais, vivants, qui n’ont pas beaucoup voyagé et qui craquent sous la dent, qui tiennent plusieurs jours sans qu’on ne s’inquiète de leur sort.
Oui, en France, en 2022, les gens cuisinent de plus en plus. Beaucoup se sont trouvé des dons et des passions qui restaient cachés derrière la facilité avec laquelle il était possible de manger dans un restaurant, en tout cas en France.
Là aussi, le Grand confinement a agi.
Du pain maison
J’ai observé, dans les réseaux sociaux, que faire son pain soi-même, comme pour montrer à nous-mêmes que nous étions autonomes, était une pratique très répandue dans ce Paris confiné.
Être maîtres de nous-mêmes. Faire son propre pain, ses propres cornichons, s’occuper de ses plantes, les regarder pousser, observer qu’il y a beaucoup de perruches à Paris (il paraît qu’il y a quelques années, toute une bande de perruches s’est évadée d’une cage à l’Aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Elles se sont plu à Paris et se sont multipliées). Et, maintenant, Paris fait concurrence à la San Francisco d’Armistead Maupin en matière d’oiseaux exotiques (les connaisseurs me comprendront ; – ).
Tout cela appelle effectivement le large, les étendues vertes, les ciels sans skyline.
Communauté de cuisiniers
Et aussi à faire communauté. Qui a une recette de … Quoi faire avec des … ça se mange les … ? Peux-tu me prêter ta … quelques jours ? Etc.
On n’attendait que ça pour … vivre ! Enfin ! Prendre son courage en mains pour changer ce qui ne va pas dans nos vies.
Et refaire la peinture de cette salle de bain qui s’écaille depuis maintenant quelques années, et prendre son temps, car rien ne presse dehors, et s’intéresser plus à cet enfant qui est dans la chambre à côté et avec qui tu ne joues pas si souvent que ça, et ne rien faire de temps en temps sans se sentir coupable.
Oui, ce confinement a bien dynamisé l’univers de la maison, les rayons de bricolage, la vie des décorateurs et designers d’intérieur.
Et nous a fait redécouvrir le beau-simple et les petits plaisirs de la vie.
Ingrid de Rio Campo, Janvier 2022
Cuisineséjour. Rappel des conclusions du mémoire
1/ La cuisine fusionne-t-elle avec le séjour ? La réponse est affirmative. Il s’agit d’une transformation très lente, commencée autour des années 1960. Cette évolution s’opère au fur et à mesure du renouvellement de la population. Les plus jeunes d’entre nous ont tendance à vivre dans des espaces multifonctionnels, contrairement aux plus âgés. De la même manière, les urbains ont plus tendance à préférer les cuisines ouvertes pour des raisons physiques liées au logement (surfaces réduites) mais aussi parce que cela correspond mieux aux modes de vie urbains. Par conséquent, le renouvellement de la population entrainera l’achèvement de cette évolution de la cuisine et du séjour.
Évolutions qualitatives
2/ Une déspécialisation de l’espace de la cuisine est en marche dans le même temps. Car elle accueille plusieurs activités autres que la préparation des repas et que la demande d’assurer plusieurs activités en même temps est réelle (cuisiner et s’occuper des invités, cuisiner et regarder la télévision, etc.).
3/ Une déspécialisation partielle des autres pièces de l’habitation est en marche. Par exemple, nous mangeons également ailleurs que dans la cuisine, la salle à manger et le séjour, pour ne rester que sur des usages liés à l’objet du présent essai,
Évolution quantitative
4/ Les surfaces destinées à la préparation des aliments et celle de la pièce à vivre tendent à se réduire dans les programmes neufs, avec le compactage des logements de centre-ville. Cette tendance s’accentue pour les logements construits Ile-de-France et atteint son maximum à Paris. La surface d’une cuisine fermée ne peut être réduite à moins de 4 m², sous risque d’être non conforme aux normes d’accessibilité des habitations aux personnes à mobilité réduite, en même temps que les surfaces des circulations augmentent.
Des pièces «de-shonnées» commencent à être proposées par les promoteurs, pour compenser ce compactage des logements.
Évolution de société
5/ En France, les modes de vie liés à la nourriture se diversifient et ne s’excluent pas. Ils s’ajoutent au modèle culinaire français traditionnel, qui opère une évolution. Les pratiques de vie liées à l’acte de manger deviennent plus complexes.
Un nouveau rapport au corps et à la nourriture semble se mettre en place. Le rapport à la nourriture et ses effets sur le corps devient un aspect palpable de la vie dans un contexte d’incertitude et de volatilisation du réel comme point de référence.
Pour ces mêmes raisons, la nourriture semble également s’installer comme véhicule de création de lien social.
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