Skip to content
Accueil » BLOG2 » Art » Yan Pei-Ming, autoportraits

Yan Pei-Ming, autoportraits

Autoportraits avec masque, 2020 (Huile sur toile. Quatre œuvres de 200 x 100 x 6,5 cm chaque). Exposés à la Galerie Thaddaeus Ropac à l’été 2021 lors de l’exposition “Autoportraits” dédiée au travail de l’artiste.

Dans le cadre de cette exposition, je ne pouvais pas vous présenter une autre œuvre que ce quadriptyque qui est la pièce majeure de cette exposition. Il est à noter le nombre 4 ici présent, la forme verticale de ces tableaux, et aussi la présence de la couleur. (on y reviendra sur ces points)

Cet ensemble de tableaux renvoie à la grande photo du début de l’exposition.

Sur 3 de ces tableaux verticaux, que je pourrai appeler des stèles, l’artiste nous regarde et se regarde. En miroir

Sur le 4ème tableau, celui de droite, il se regarde regarder, il a laissé tomber son masque et observe stupéfait, à la fois triste et surpris ce que nous arrive à tous par cette année 2020.

Et malgré ce contexte (celui de la pandémie et de ces nombreux mois de confinement et de privations de nos libertés individuelles) la représentation qu’il se fait de soi-même dans ces 4 autoportraits est sereine, elle est assez colorée dans une œuvre personnelle globalement plutôt déclinant des monochromes et des camaïeux de noir.

(il est à noter en début d’exposition un autoportrait en blanc, vu du dessus, comme si Dieu ou le Bouddha le regardait …)

Ici, il se représente comme un ouvrier qui œuvre heureux malgré tout, car il sait qui il est, et encore plus depuis ce confinement.

Il a son « bleu » de travail », ses gants, il est dans son élément.

Il y a des œuvres plus sombres que celles-ci dans la production de Yan Pei-Ming.

Ici on voit Des loueurs d’espoir sur ces 4 stèles :

  • Les masques extra blancs ici (venus peut-être de Chine à un moment de la pandémie où la France n’était pas encore équipée ?) ;
  • La lumière qui fait briller son front, sa peau, ses habits ;
  • La présence de la couleur : c’est des tableaux en couleur, indiquant que cela se passe aujourd’hui, c’est l’actualité du moment ;

Et pourquoi je parle de stèle ?

  • Il s’agit à la fois du format vertical et du cadrage des autoportraits. Ils accentuent la verticalité de l’ensemble qui se présente comme des pierres levées.
  • Et aussi, au niveau de la symbolique et de la phonétique du nombre 4 dans plusieurs cultures et langues en Asie dont la Chine qui renvoie à la mort. La prononciation du 4 ( SI // SIDA, SIWAN, en japonais c’est SHI et TSHI, presque la même chose) le nombre 4 a une sonorité proche du mot « mort ». Et ceci est à éviter absolument. Par exemple. Dans plusieurs pays en Asie les bâtiments présentent des 4ème étages appelés 3B par exemple, il y a un évitement du nombre 4 dans ces cultures.

La mort est ici représentée de manière cryptée donc, mais très présente, comme elle était présente durant toute cette période mitigée et anxiogène de la pandémie qui nous a fait tous, et l’artiste en premier, regarder dans nous-mêmes, nous reconnaître, nous connaître, questionner notre monde nos pratiques, nos habitudes, la nature de notre réalité.

Pour Yan Pei-Ming cette période était celle des retrouvailles avec le genre « autoportrait ». Il est devenu l’un des thèmes principaux de son œuvre après une assez longue période où il ne s’est pas beaucoup représenté.

On voit aussi dans ces autoportraits, qui ne sont pas des très grands formats comparativement à sa production, une aisance totale et absolue, un sentiment d’informel, de familiarité, de proximité, d’intimité, c’est vraiment l’artiste dans SON intimité.

Il nous invite à les regarder de plus près.

Voyer les gouttelettes de peinture qui renforcent encore plus l’humanité, actualité, intimité de cette œuvre.

C’est aussi un exercice de style de la part de cet artiste qui sait très bien faire la synthèse entre le passé et le présent, entre l’histoire de l’art et l’actualité pour nous livrer des grands morceaux de peinture.

Nous voyons aussi sur l’un des tableaux représentant les émotions, qui sont accrochés sur ce mur arrière, que l’artiste essaye un rendu « aquarelle », un morceau de recherche technique qu’il nous livre, comme des extraits d’un exercice de style dont je parlais en introduction qu’il nous livre en l’état. Une grande générosité.

Des commentaires ?

Yan Pei-Ming Autoportraits. Commentaires sur l’exposition qui a eu lieu à la Galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais / Eté 2021

art / peinture / arts plastiques / galeries d’art / Paris / expositions d’art / critique de l’art / point de vue